Il y a quelques temps, le curé de notre paroisse a fait un appel à témoignages, à cause de la situation compliquée que nous vivons en ce moment. Le confinement, et maintenant le déconfinement, privent les croyants de célébrations religieuses (pour toutes les religions, par uniquement pour les Chrétiens). Et le grand défi pour nos pasteurs est de garder vivante la communauté des croyants dont ils ont la charge. C'est dans le cadre de cette mission "communautaire" que j'ai décidé d'écrire mon témoignage, que je livre ici :
Marie, toute patience, délicatesse et discrétion.
Marie, je
ne l'ai pas beaucoup priée dans ma vie. Je l'ai découverte peu à
peu, à petites touches. Comme si elle n'avait pas voulu s'imposer à
moi et qu'elle avait attendu que je sois prête – et d'accord –
pour la rencontrer.
Première
« étape », un apprivoisement progressif, entre 14 et 22
ans, lors de multiples pèlerinages et séjours à Lourdes. Mais là,
Marie était toujours, pour moi, secondaire, la « première
place » comme témoin de la foi revenant à Bernadette, durant
mon adolescence et le début de ma vie d’adulte.
En dehors
de Lourdes, Marie n’avait quasiment aucune place dans ma vie, si ce
n’est celle de Mère de Jésus (quand même!), mais plutôt
lointaine (dans l’espace comme dans le temps d’ailleurs). Je ne
la priais pas, ne lui demandais rien, et ça m’allait très bien
comme ça.
Les choses
ont commencé à changer à la fin de mes études, quand j’ai vécu
à Mulhouse, dans une famille très croyante, durant mon stage. C’est
là que j’ai découvert la prière en famille, le pardon demandé
et donné au sein des membres de la famille, et le chapelet, prié
certains soirs ensemble. La messe quotidienne faisait aussi partie de
ces découvertes, transformant mon stage professionnel en véritable
apprentissage de la vie de foi au quotidien.
À l’âge
de 25 ans, jeune professionnelle, j’ai commencé à m’adresser à
Marie, à la regarder dans les statues des églises où j’allais à
la messe. L’une d’elles, à Mulhouse, m’a particulièrement
marquée et je me souviens lui avoir longuement parlé.
Et puis,
Marie est devenue peu à peu une compagne dans ma vie, à travers les
prières que lui adressait mon mari. Mais ce n’est qu’en 2011,
dix ans après mon mariage, que j’ai vraiment commencé à la
prier, avec le chapelet. Au début, je priais en marchant, en allant
travailler, plus pour passer le temps qu’autre chose toutefois. Et
puis je me suis aperçue, durant cette période, que je subissais pas
mal d’attaques à l’encontre de ma foi et j’ai commencé à
prendre au sérieux une phrase que j’avais entendue un jour et qui
décrivait le chapelet comme une arme.
À partir
de là, je me suis mise à prier le chapelet dans un esprit de
sauvegarde et de protection, comme un bouclier contre le mal.
En 2013,
six mois après notre déménagement à Ebersheim, nous avons reçu
la vierge pèlerine de la Famille Missionnaire de Notre-Dame. Je lui
ai préparé un beau coin de prière, un bel écrin, mais, en ce qui
me concerne, ça s’est un peu arrêté là : c’est mon mari
qui a « habité » la prière et a donné une vraie place
à Marie dans notre maison, durant tout son séjour chez nous.
Pourtant, j’aimais bien sa présence, je la trouvais apaisante.
En juillet
2014 a eu lieu la première mission paroissiale, qui a donné une
sorte de coup d’accélérateur à ma vie de foi. J’ai ainsi pu
relire les événements des mois précédents et j’y ai remarqué,
cette fois, la présence constante mais très discrète de Marie.
Un seul
exemple : alors que notre ancienne maison de Sélestat était en
vente depuis six mois et ne trouvait pas d’acheteur, c’est
pendant la visite de la vierge pèlerine,durant la semaine sainte de
l’année 2013, qu’un acheteur s’est présenté !
Durant
l’été 2015, lors de la troisième mission paroissiale, j’ai
décidé de demander le scapulaire du Mont Carmel. L’une des
conditions pour le recevoir était de s’engager à prier le
chapelet tous les jours. Par ailleurs, il fallait accepter de prendre
Marie chez soi et s’engager à porter le scapulaire en lui-même
tous les jours.
Pour la
première fois, j’avais changé ma vision des choses. Auparavant,
je m’efforçais de comprendre d’abord avant d’accepter et
d’adhérer à une pratique. Mais à ce moment-là, j’ai décidé
d’accepter sans rien comprendre, et de voir ce que ça allait
donner.
Je n’ai
pas été déçue. D’un point de vue pratique, cela n’a rien
changé à ma vie. Je priais déjà quotidiennement le chapelet
depuis le mois de juillet 2014, une habitude que j’avais prise
durant la première mission. Porter le scapulaire n’était rien
d’autre qu’ajouter une médaille à la croix que j’avais déjà
autour du cou. Et je pensais avoir déjà accepté Marie comme ma
mère.
Sauf
qu’intérieurement, les choses ont commencé à changer peu à peu.
Et continuent toujours d’ailleurs.
J’ai
d’abord remarqué des changements dans mon caractère, dans mes
relations avec mes enfants : une plus grande patience, une plus
grande douceur et plus de tendresse envers eux, aussi.
J’ai
également expérimenté des sortes d’intuitions, des idées, qui
me guidaient et me permettaient d’avancer peu à peu dans la foi,
de découvrir un peu plus le Christ.
Et puis,
depuis quelques mois maintenant, je commence peu à peu à « voir »
Marie comme une personne vivante, quelqu’un à qui je peux parler,
à qui je peux réellement demander conseil, aide et soutien.
La
tendresse de Marie, sa délicatesse aussi sont telles qu’elle a
accepté que je passe par des rituels uniquement matériels au départ
(m’attacher le chapelet autour du bras la nuit, l’avoir dans la
poche dans la journée, prier le chapelet sur le chemin du travail,
porter le scapulaire…) avant que je puisse peu à peu commencer à
sentir sa présence agissante au quotidien dans ma vie.
Aujourd’hui,
elle est toujours aussi discrète. La différence, c’est que,
maintenant, sa compagnie m’est indispensable, même si je ne me
rends pas toujours compte de sa présence.
Je
continue d’avancer, et Marie continue cette route avec moi. C’est
comme un compagnonnage, une chemin qu’elle fait avec moi. Nous
n’avons pas encore, toutes les deux, une relation très « intime »
ou « bavarde ». Elle est si discrète et patiente qu’il
m’arrive d’oublier sa présence. Mais je la découvre de plus en
plus comme une personne, une mère qui ne veut qu’une seule chose :
me guider vers son Fils.
Amélie,
12 mai 2020.
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